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Bienvenue

Ce blog est un lieu d'information sur les problèmes d'anxiété, de dépression et toutes autres difficultés psychologiques et les traitements existant pour ces troubles. Avec une volonté d'optimisme et de dédramatisation, dans l'optique de la psychiatrie positive.

Il ne s'agit en aucun cas de donner des conseils médicaux personnels.

Les informations données ici sont les plus objectives possibles, mais reflètent forcément les points de vue de l'auteur.

   Bonne lecture et n'hésitez pas à laisser des commentaires ou des questions.

L'auteur

Antoine PELISSOLO, psychiatre

23 janvier 2011 7 23 /01 /janvier /2011 16:22

            Voilà une question potentiellement grave et complexe, mais qui est très mal étudiée et encadrée jusqu’à présent. D’un point de vue légal, tous les médicaments psychotropes font l’objet d’une mention de prudence, symbolisée par l’un des trois dessins ci-dessous, dont les couleurs correspondent à un niveau de risque croissant (1 jaune = risque faible ; 2 orange = risque moyen ; 3 rouge = risque élevé).

                                           Conduite.JPG

            En pratique, la quasi-totalité des psychotropes sont classés orange (antidépresseurs et anxiolytique peu sédatifs, c'est-à-dire ne provoquant pas de somnolence) ou rouge (somnifères, anxiolytiques et neuroleptiques sédatifs).

Pour les triangles rouges (niveau 3), la question ne se pose pratiquement pas : la conduite automobile est réellement interdite du fait de la somnolence induite. Certes, chaque personne réagit différemment aux médicaments, et certains gardent une vigilance complète même en prenant des médicaments sédatifs. Ces effets peuvent varier selon l’âge, la dose, l’heure de la journée, etc. Par exemple, un somnifère pris le soir vers 23h ne devrait pas avoir trop d’impact sur la vigilance du lendemain après-midi, mais cela reste variable. Bien sûr, l’interdiction de conduire peut s’avérer très handicapante dans la vie quotidienne, mais ce handicap est, en fait, lié à la maladie elle-même si le traitement est indispensable. En cas d’accident de toute façon, les torts reviendront au patient si on découvre qu’il prenait un traitement, ce qui est maintenant systématiquement recherché.

            Pour les triangles oranges (niveau 2), la discussion est plus délicate. Elle concerne tous les antidépresseurs et la plupart des anxiolytiques. La recommandation est de ne pas conduire sans autorisation explicite du médecin. Certains antidépresseurs s’avèrent plus sédatifs que d’autres, mais les différences de sensibilité d’une personne à l’autre sont très grandes. Dans l’idéal, il faudrait pouvoir soumettre les patients à des tests d’attention, sur simulateur de conduite par exemple, mais ceci s’avère impossible dans la réalité.

Les médecins ont donc peu d’éléments objectifs pour statuer, et il est très rare qu’ils signalent une interdiction franche de conduire à leur patient. Ils préviennent les patients des risques existant, leur conseillant de ne pas conduire quand ils se sentent fatigués. Mais il s’agit toujours de traitements continus et de longue durée, et il est impossible de prévoir avec certitude qu’à aucun moment le patient n’aura de baisse de vigilance.

Une interdiction complète de conduire aurait évidemment un impact très négatif sur leur vie sociale et professionnelle, remettant en cause l’intérêt du traitement. La question de la responsabilité pénale des personnes sous psychotropes de niveau 2 et de leur médecin en cas d’accident n’est pas aujourd’hui couramment posée, mais elle pourrait l’être plus souvent dans l’avenir. Il est donc bon de respecter des précautions strictes et objectives.

Voici donc en pratique les précautions essentielles :

- toujours poser la question à son médecin, lui donner le maximum d’informations (effets ressentis, type de trajets à réaliser, etc.), et respecter ses instructions ;

- en cas de doute d’un médecin généraliste, il peut éventuellement demander l’avis d’un spécialiste, psychiatre ou neurologue notamment ;

- lors d'un traitement de longue durée, revoir cette question régulièrement avec son médecin, car certaines choses peuvent évoluer avec le temps et l’état de santé ;

- même si la conduite est autorisée, considérer de principe qu’elle est plus à risque que sans psychotrope, et qu’il est préférable de s’abstenir de conduire quand cela est possible (passer le volant à une autre personne, prendre les transports en commun, etc.) ;

- éviter de prendre la route dans les 4 heures suivant la prise du médicament (la plupart des antidépresseurs peuvent être pris le soir) ;

- respecter plus radicalement encore les conseils de sécurité donnés à tous les conducteurs : ne pas conduire sur des périodes prolongées, éviter de conduire la nuit et dans des conditions climatiques difficiles, s’arrêter dès que l’on se sent fatigué ou somnolent, n’avoir aucune source de distraction (téléphone surtout) ;

- ne pas compter sur le café ou d’autre stimulants pour augmenter sa vigilance : ils auront d’autres effets secondaires gênants (nervosité), et leurs effets sur l’attention risquent d’être insuffisants ou de courte durée ;

- s’abstenir complètement de boire de l’alcool dans les 8 heures précédant la conduite, car son effet démultiplie les troubles de l’attention produits par les psychotropes ;

- s’abstenir de toute consommation de drogue, dont le cannabis, dans les jours précédant la conduite, car les effets délétères peuvent être durables et ils sont détectés dans le corps longtemps après la prise en cas de contrôle.


Enfin, ce problème important de conduite automobile devrait inciter tout le monde (médecins, patients, pouvoirs publics) à être attentif aux traitements non essentiels et à tout faire pour les arrêter quand cela est possible. Ceci concerne peu les antidépresseurs, mais plutôt les anxiolytiques qui sont souvent utilisés sur de trop longues durées en France, alors que leur bon usage ne porte que sur des périodes de quelques jours à quelques semaines au maximum. Les méthodes non médicamenteuses de traitement de l’anxiété, les psychothérapies notamment, sont largement préférables de ce point de vue bien sûr.

Avec tout ça, bonne route quand même !

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commentaires

A
Même les mesures avec les alcotest ne seront pas efficace, il faut d'avantages la prise de conscience de chacun
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