De nombreux articles sont publiés actuellement sur les liens possibles entre la consommation d’anxiolytiques et un risque augmenté de
maladie d’Alzheimer. Ils font suite aux résultats encore préliminaires d'une étude française (Pr Begaud à Bordeaux), qui
semblent confirmer les données d’autres études menées à l’étranger.
Sans négliger du tout l’importance, peut-être très grande, de cette alerte, il faut souligner certains points aussi essentiels :
- les soupçons portent là sur une catégorie très précise de psychotropes, les anxiolytiques de la classe des benzodiazépines (Xanax, Lexomil, etc.), et donc pas du tout sur les autres familles comme les antidépresseurs ;
- le facteur en cause serait la consommation prolongée de benzodiazépines, pendant des années, et pas sur des prises ponctuelles de quelques jours ou quelques semaines ; les recommandations officielles, depuis des années, sont clairement de limiter les durées de consommation à quelques semaines au maximum, même si, dans la réalité, elles sont très difficiles à respecter pour certains patients ;
- les analyses statistiques réalisées pour mettre en cause un facteur dans la survenue d’une maladie sont toujours complexes à interpréter, car beaucoup d’autres éléments peuvent être « cachés » derrière le facteur étudié ; par exemple, beaucoup de personnes prennent des anxiolytiques du fait de problèmes de santé qui les angoissent ou perturbent leur sommeil, et il se peut que le sur-risque mesuré soit alors plutôt lié à ces maladies physiques qu’à la prise de médicament. De même, certains consommateurs de benzodiazépines ont également d’autres prises de substances (alcool, tabac, etc.), du fait d’une sensibilité particulière à la dépendance, ce qui peut là aussi introduire d’autres biais. L’étude effectuée par le Pr Bégaud, spécialiste reconnu, est très rigoureuse, mais tous ses résultats n'ont pas encore été analysés et il faut donc poursuivre les recherches dans ce domaine très important.
Quoi qu’il en soit, cette alerte ne peut que nous faire réfléchir une nouvelle fois sur les bons choix en matière de traitement des troubles psychologiques, en privilégiant les psychothérapies autant que possible, et en respectant les consignes de bon usage des psychotropes (durée courte pour les anxiolytiques en l’occurrence) quand ils sont indispensables.
Dernière précaution si vous prenez vous même des anxiolytiques, inutile de paniquer. Il est de toute façon indispensable de revoir très régulièrement la justification de ce traitement avec votre médecin, et l'arrêt éventuel ne doit pas être brutal, du fait des risques de syndrome de sevrage.