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Ce blog est un lieu d'information sur les problèmes d'anxiété, de dépression et toutes autres difficultés psychologiques et les traitements existant pour ces troubles. Avec une volonté d'optimisme et de dédramatisation, dans l'optique de la psychiatrie positive.

Il ne s'agit en aucun cas de donner des conseils médicaux personnels.

Les informations données ici sont les plus objectives possibles, mais reflètent forcément les points de vue de l'auteur.

   Bonne lecture et n'hésitez pas à laisser des commentaires ou des questions.

L'auteur

Antoine PELISSOLO, psychiatre

16 octobre 2012 2 16 /10 /octobre /2012 18:59

 Fotolia_21209949_S.jpg           Un neurochirurgien américain, Eben Alexander, raconte dans un livre à paraître prochainement sa visite du paradis lors d’une période de coma en 2008. Il est resté inconscient pendant une semaine à cause d’une méningite bactérienne, dont il s’est bien remis heureusement. Il décrit un monde merveilleux, très riche en détails et en sensations, où dominent les couleurs gaies et où vivent des êtres charmants et accueillants. Le récit de cette expérience de « mort imminente » aurait d’autant plus de poids qu’il est le fait d’un médecin et donc d’un scientifique, jusque là très sceptique sur les phénomènes paranormaux.

            Pourtant, ce témoignage est-il une preuve de l’existence d’un au-delà merveilleux et d’une vie après la mort ? Les récits d’expériences de mort imminente sont très classiques, avec des descriptions typiques de longs tunnels, de lumières divines, d’êtres de lumière, associées à la perception de son et de voix. Elles surviennent lors de syncopes ou d’arrêts cardiaques transitoires au cours desquels les personnes peuvent effectivement être considérées comme décédées à un premier examen, mais sans mort cérébrale réelle puisqu’elles « reviennent à la vie » plus ou moins rapidement. Ces personnes peuvent avoir entendu les médecins les déclarer mortes, malgré un état de conscience modifiée. Elles décrivent habituellement après coup une première phase d’angoisse massive, puis des émotions de bonheur, de plénitude voire d’extase, comme le fait Eben Alexander dans son témoignage. Une étude réalisée en 1994 avec des volontaires sains chez qui une syncope était provoquée par hypoxie a montré que 35% des sujets ressentaient alors un sentiment de paix et de bien-être, et dans 47% des cas l’impression de découvrir un monde nouveau. On peut rapprocher malheureusement ces observations des comportements de recherche de sensations fortes et plaisantes chez des jeunes adolescents ou enfants, en général par effet d’entraînement (« jeu du foulard »).

            Ces expériences rentrent en fait dans le cadre des phénomènes dits « autoscocopiques », appelés aussi « sorties du corps » (OBE pour Out of Body Experiences), car les personnes concernées disent pouvoir voir leur corps comme si elles étaient à l’extérieur de celui-ci (au-dessus en général). Ces phénomènes peuvent survenir en dehors de tout coma, et même en dehors du sommeil, mais le plus souvent ils sont provoqués par des troubles de la conscience, par exemple après des prises de drogue, dans des états de fatigue intense, ou dans des états psychologiques particuliers. Une étude menée récemment à la Pitié-Salpêtrière a montré qu’environ 30% des personnes présentant des troubles anxieux, dépressifs ou du sommeil pouvaient rapporter des expériences de sortie de leur corps à un moment de leur vie. Dans cette étude, 15% des patients d’un service de médecine interne, sans problème psychiatrique ni neurologique, signalent ce type d’antécédent.

            Certaines connaissances récentes du fonctionnement cérébral permettent de mieux comprendre ces phénomènes de distorsion de la réalité, survenant spontanément ou dans des contextes médicaux  particuliers. Certaines régions du cerveau (jonction temporo-pariétale notamment) ont pour fonction d’assurer l’unité de la perception de nous-même, en intégrant toutes les informations concernant notre schéma corporel, le contrôle de nos actes, notre position dans l’espace, etc. Pour des raisons variées, ces régions peuvent être perturbées de manière plus ou moins durable, et altérer la perception de nous-même et de l’environnement. Ce peut être le cas dans des maladies neurologiques (tumeur, épilepsie, Parkinson, etc.) ou psychiatriques (schizophrénie, attaques de panique, etc.), mais aussi en dehors de ces pathologies dans des états physiologiques perturbés. On peut même provoquer des phénomènes de sortie du corps en stimulant certaines régions cérébrales à l’aide d’un champ magnétique.

Tout le problème est ensuite de savoir comment la personne, et donc son cerveau « intelligent », va interpréter ces sensations et les intégrer à son système de compréhension du monde. Certaines personnes fragiles psychiquement peuvent prendre ces sensations « au pied de la lettre » et construire des croyances erronées qui peuvent aller jusqu’au délire (persécution, grandeur, etc.). D’autres, sans problème psychologique apparent au départ, vont être tellement bouleversées par les sensations éprouvées et le choc que cela représente qu’elle vont les rattacher à des explications crédibles car déjà rapportées par d’autres personnes ; d’où l’importance de la culture et des croyances communes qui peuvent être à la base de véritables épidémies de fausses croyances ou de légendes.

Pour en revenir à notre neurochirurgien, il est probable que son expérience paradisiaque soit celle d’un cerveau en souffrance sous l’effet de la fièvre, de difficultés respiratoires, de lésions transitoires de certaines régions cérébrales critiques, et peut-être de certains médicaments. Dans un état de conscience anormale, comparable à un sommeil très profond et particulier, son cerveau a produit des images et des sensations très fortes, qu’il a peut-être automatiquement (inconsciemment) associé à des histoires entendues antérieurement. Au réveil, le puzzle s’est reconstitué de manière parcellaire, avec notamment un mélange d’émotions inhabituelles et fortes, le conduisant à une conviction nouvelle.

Jusqu’à présent, rien n’a permis de prouver que les expériences décrites par les milliers de personnes touchées par ces phénomènes n’étaient autre chose que des hallucinations ou des rêves, bons ou mauvais. Certains chercheurs essaient notamment de montrer que les personnes qui disent être sorties de leur corps et s’être élevées au-dessus du sol, en réanimation par exemple, peuvent voir des choses qui ne sont pas visibles dans la position réelle de leur enveloppe charnelle, des objets situés sur des meubles en hauteur notamment. Aucune de ces tentatives n’a abouti jusqu’à présent.

On ira donc tous au paradis, a priori, mais surtout si on y croit très fort ! 

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A lire !<br /> http://anthroposophie-steiner.blogspot.fr/2014/07/experience-de-mort-imminente.html
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