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Bienvenue

Ce blog est un lieu d'information sur les problèmes d'anxiété, de dépression et toutes autres difficultés psychologiques et les traitements existant pour ces troubles. Avec une volonté d'optimisme et de dédramatisation, dans l'optique de la psychiatrie positive.

Il ne s'agit en aucun cas de donner des conseils médicaux personnels.

Les informations données ici sont les plus objectives possibles, mais reflètent forcément les points de vue de l'auteur.

   Bonne lecture et n'hésitez pas à laisser des commentaires ou des questions.

L'auteur

Antoine PELISSOLO, psychiatre

26 mars 2013 2 26 /03 /mars /2013 09:27

Marre de rougir… comment gérer ?                

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            Le rougissement des joues est une réaction tout à fait normale et banale, qui ne pose pas de problème à la plupart d’entre nous. Pourtant, et cela peut paraitre étonnant, un certain nombre de personnes en souffrent psychologiquement, et parfois beaucoup. Ce problème devient réel lorsque toute situation de rencontre ou d’échange avec l’autre fait naitre une crainte obsédante : vais-je rougir ? Rougir en public est en effet, pour certaines personnes, synonyme de faiblesse, de perte de crédibilité, de timidité, de mensonge, de culpabilité, bref de honte grave. Voulant à tout prix dissimuler leurs réactions émotionnelles, ces personnes vont alors rentrer dans un cercle vicieux : peur de rougir, donc émotion de peur (ou de gêne, honte, colère, etc.), donc rougissement. Car le rougissement, comme l’émotion qui l’accompagne, est par nature incontrôlable ; plus vous tentez de la chasser ou de la supprimer, plus elle s’impose et s’amplifie. Il s'agit d'un réflexe presque "animal", car les émotions existent avant tout pour prévenir d'un danger ou d'un besoin, et doivent donc être entendues, non réprimées.

      Lorsque l'obsession du rougissement est forte, réellement gênante et durable, les médecins parlent d’éreutophobie (peur obsédante de rougir en public), qui est une des variantes de la phobie sociale.

      L’éreutophobie touche en général des personnes jeunes, entre 15 et 40 ans le plus souvent, et autant les hommes que les femmes. Il s’agit majoritairement de personnes timides et manquant de confiance en elle, voire d’estime de soi. Cependant, la peur de rougir peut aussi se développer assez soudainement chez des personnes très sûres d’elles et sociables auparavant, notamment à la suite d’une grande crise de rougissement qui les a exposées à des moqueries ou à une sensation d’humiliation imprévue et insupportable. On peut signaler qu'il est très possible de réussir brillament dans la vie malgré un problème d'éreutophobie : des personnalités comme Tenesse Williams, Frédréic Beigbeder et plus récemment Johny Halliday ont témoigné avoir souffert de leurs rougissements, en tout cas à un moment de leur vie.

      Vous êtes la seule personne à ne pas vraiment savoir si vos joues sont rouges ou non, car vous ne les voyez pas directement. Les indices que vous en avez sont uniquement indirects : sensation de chaleur, reflet dans la lame du couteau, attitude de votre interlocuteur, etc.  Très souvent, ces indices sont trompeurs (on a toujours tendance à surestimer son rougissement) et surtout ils ne servent à rien. Rouge ou pas, vous n’y pouvez rien et plus vous vous surveillerez, plus vous risquez d’être mal à l’aise, tendu, maladroit avec l’autre, et… peut-être encore plus rouge ! Donc arrêtez complètement de vous auto-observer.

            Arrêtez également de vous critiquer vous-même. Votre crainte est probablement que les autres vous jugent négativement du fait de votre émotivité, donc n’en rajoutez pas ! Vous ne saurez probablement jamais ce qu’ils pensent vraiment, et même ce qu’ils voient vraiment. Mais ils vous jugent sur des éléments bien plus complexes et nombreux que la seule couleur de vos joues. Ils prennent en compte surtout votre discours, votre compétence, ou encore votre gentillesse ou votre détermination, et tout cela sur des critères très subjectifs et personnels. Employez donc toute votre énergie à écouter ce qu’ils vous disent vraiment, à répondre précisément à leurs questions, à vous intéresser à eux. Soyez indulgent avec vous-même, soyez votre ami, et laissez de coté votre auto-propagande négative.

            Une chose fondamentale est donc de s’accepter tel que l’on est, notamment avec ses émotions, même quand elles sont pénibles et visibles. Si vous êtes émotif ou timide, vous n’êtes pas pour autant incompétent ou inintéressant. Acceptez de ne pas contrôler vos émotions, et acceptez de les montrer éventuellement aux autres, car c’est une de leur fonction essentielle, vous ne pourrez jamais les effacer complètement. Vous pouvez même au contraire commenter vos réactions, si le contexte s’y prête : « tiens, je ne suis pas très bien, je ne sais pas pourquoi », ou « ce que nous avons dit me trouble un peu, ça me fait bizarre ». Moins vous ferez de votre rougissement un tabou, plus vous vous en détacherez et plus vous vous en libérerez.

            Enfin, et c’est la conséquence de tout le reste, rappelez-vous à tout moment que la meilleure manière de gérer une situation d’échange sensible, dans laquelle vous vous sentez rougir ou risquer de rougir, est de maintenir voire de renforcer le contact avec l’autre. Ne rien faire pour l’éviter, ne pas fuir, ne pas vous cacher, car cette solution apaisante sur le moment ne fera qu’augmenter votre sensation de faiblesse et donc votre peur ultérieure. Donc regardez l’autre dans les yeux, parlez-lui, donnez votre point de vue, intéressez-vous à son attitude et à son discours, ce qui, mécaniquement, vous détournera de votre auto-observation et de vos ruminations négatives.

            En ayant en tête ces quelques conseils, et en essayant de les appliquer au quotidien, vous pourrez progressivement « renverser la vapeur » et vous détacher de votre peur de rougir. Il n’y a rien d’inéluctable, vous pouvez toujours modifier, au moins par petites touches au départ, certains des aspects de votre comportement et de votre vision de vous-même. Il ne faut, cependant, pas se tromper de cible : ne pas vouloir à tout prix arrêter de rougir et arrêter d’être troublé par ses émotions

           Si, malgré vos efforts, votre obsession du rougissement reste forte et gênante, n’hésitez pas à vous faire aider. Une consultation auprès d’un médecin ou d’un psychologue, avec éventuellement quelques séances de thérapie comportementale, peuvent suffire à débloquer la situation. Dans les cas plus difficiles, des méthodes psychologiques plus spécifiques peuvent être mises en œuvre, et des
 traitements médicamenteux peuvent être utiles pour rendre la thérapie plus facile et efficace. 

Il existe une échelle simple et validée (questionnaire QES) permettant de mesurer l'éreutophobie par sa moi-même.

    Toutes ces informations sur la peur de rougir en public et bien d'autres pour se débarrasser de ce problème sont disponibles dans cet ouvrage :

                                      

 

 

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15 décembre 2011 4 15 /12 /décembre /2011 09:03

Ce questionnaire permet d'estimer l'intensité de l'éreutophobie (peur obsédante de rougir en public).

Il a été validé par une étude publié dans la revue Journal Canadien de Psychiatrie (Pélissolo et al., 2010)

Il suffit de cocher une réponse pour chaque question, puis de faire le total des 6 réponses grâce au chiffre de 0 à 4 figurant à coté de chaque case.

Un score total supérieur à 6 indique une éreutophobie probable (même si le diagnostic doit toujours être confirmer par un entretien avec un spécialiste).

Un score total supérieur à 12 indique une éreutophobie relativement intense, le score maximum possible étant de 24.

Il est possible, grace à cette échelle, de comparer l'intensité de l'éreutophobie avant et après un traitement par exemple, ou son évolution dans le temps.

 

Questionnaire d’Ereutophobie de la Salpêtrière

 

 Cochez la case qui correspond à la réponse qui convient le mieux pour

décrire ce que vous avez ressenti au cours de la dernière semaine.  

 

 

1. A quelle fréquence avez-vous ressenti des débuts de rougissement ?

   0

q  Jamais au cours de la dernière semaine

   1

q  Rarement (moins d'une fois par jour)

   2

q  Environ une fois par jour

   3

q  Plusieurs fois par jour

4

q  Plus de 10 fois par jour

 

 

 

2. A quelle fréquence avez-vous ressenti des crises de rougissements longues et pénibles ?

   0

q  Jamais au cours de la dernière semaine

   1

q  Rarement (moins d'une fois par jour)

   2

q  Environ une fois par jour

   3

q  Plusieurs fois par jour

4

q  Plus de 10 fois par jour

 

 

 

3. A quelle fréquence avez-vous été  perturbé ou anxieux par l'idée de rougir ?

   0

q  Jamais au cours de la dernière semaine

   1

q  Rarement (pas tous les jours)

   2

q  Tous les jours, mais moins de la moitié de la journée

   3

q  Tous les jours, plus de la moitié de la journée

4

q  Tous les jours, toute la journée ou presque en continu

 

 

 

4. Quelle est, globalement, l'intensité des crises de rougissement que vous avez présentées ?

   0

q   Très légère (ou aucune crise)

   1

q  Légère

   2

q  Moyennement intense

   3

q  Intense

4

q  Extrêmement intense

 

 

 

5. A quel point vous sentez-vous actuellement impuissant(e) ou dépassé(e) par votre problème de rougissement ?

   0

q  Pas dépassé(e) ni impuissant(e), ou pas de problème du tout

   1

q  Légèrement dépassé(e) ou impuissant(e)

   2

q  Moyennement dépassé(e) ou impuissant(e)

   3

q  Grandement dépassé(e) ou impuissant(e)

4

q  Extrêmement ou complètement dépassé(e) ou impuissant(e)

 

 

 

6. Quel est, en ce moment, le niveau du retentissement global de votre problème de rougissement dans votre vie quotidienne (travail ou possibilité de travailler, vie sociale, vie familiale, etc.) ?

   0

q  Aucun retentissement ou pas de problème du tout

   1

q  Retentissement léger

   2

q  Retentissement moyen

   3

q  Retentissement important

4

q  Retentissement extrême

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Dépression : s'enfermer ou s'en sortir (Le muscadier 2017)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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