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Bienvenue

Ce blog est un lieu d'information sur les problèmes d'anxiété, de dépression et toutes autres difficultés psychologiques et les traitements existant pour ces troubles. Avec une volonté d'optimisme et de dédramatisation, dans l'optique de la psychiatrie positive.

Il ne s'agit en aucun cas de donner des conseils médicaux personnels.

Les informations données ici sont les plus objectives possibles, mais reflètent forcément les points de vue de l'auteur.

   Bonne lecture et n'hésitez pas à laisser des commentaires ou des questions.

L'auteur

Antoine PELISSOLO, psychiatre

9 mars 2013 6 09 /03 /mars /2013 11:19

ordonnance-lentilles.jpg

Des événements récents, largement médiatisés, ont posé la question des prescriptions « hors AMM » (Autorisation de Mise sur le Marché). Il s’agit de l’utilisation de médicaments pour traiter des affections qui ne sont pas celles pour lesquelles ils ont été conçus et validés initialement. Ce fut le cas du Médiator, mais aussi plus récemment de la vrai-fausse pilule Diane, traitement de l’acné utilisé longtemps comme contraceptif. Dans ces deux cas, l’alerte a été donnée en raison d’effets toxiques, ce qui a conduit à une réelle prise de conscience des risques de ces prescriptions « hors piste », consacrées par l’usage mais sans validation scientifique ni administrative. Des exemples inverses, comme celui du baclofène (relaxant musculaire dont les effets contre l’alcoolisme sont apparus récemment) incitent aussi à la réflexion, car porteurs de progrès potentiels.

La procédure d’autorisation puis de remboursement des médicaments suit une logique scientifique rigoureuse, qui consiste à évaluer les effets positifs et négatifs d’un nouveau produit, et d’en comparer l’intérêt par rapport aux traitements existant. Cette procédure permet d’assurer que les médicaments sont commercialisés à bon escient, avec des risques raisonnables par rapport aux bénéfices attendus. Mais une fois que le médicament est disponible, les médecins peuvent le prescrire théoriquement comme ils le souhaitent et le jugent utile, dans les conditions officielles ou en dehors de l’AMM. Dans ce deuxième cas, ils doivent cependant en avertir le patient, en le prévenant des risques potentiels et en justifiant son choix par des circonstances et des connaissances particulières. En cas d’accident ou de contestation, le médecin est alors entièrement responsable de sa décision, et doit en assumer les conséquences s’il ne peut pas faire la preuve de son bien-fondé. Un médecin hospitalier peut alors plus facilement justifier son choix par « l’état de la sciences » (publications des travaux de recherche), ou par une réflexion en équipe. La contre partie des prescriptions hors AMM est que les patients ne peuvent normalement pas être remboursés de l’achat du médicament, l’ordonnance devant signaler que la pathologie traitée n’est pas celle reconnue officiellement.

On voit bien les avantages de cette marge de manœuvre laissée aux prescripteurs, pour adapter leurs décisions à la diversité des cas individuels et pour faciliter la découverte de nouvelles options thérapeutiques. Ce fut assez fréquent en psychiatrie, avec des progrès venus de la sagacité de certains médecins : découverte des effets antidépresseurs de certains antibiotiques, de l’action préventive des anticonvulsivants dans les troubles bipolaires, ou de l’effet positif des antidépresseurs contre  les TOC ou les attaques de panique. De telles découvertes de terrain peuvent faire évoluer grandement la médecine, mais il n’est plus concevable aujourd’hui de ne pas les valider par des études systématiques, et cela le plus vite possible. Comme on l’a vu avec le Médiator ou Diane, le risque est trop important de se reposer sur une simple « impression » d’efficacité, sur quelques cas, ets de négliger des risques de toxicité qui ne sont apparents que sur de grands nombres de prescriptions.

Malheureusement, l’obstacle réel à cette démarche rationnelle est la question des moyens. La démonstration de l’efficacité et de l’innocuité d’un médicament nécessite des études longues et couteuses. Le lancement de nouveaux produits justifie de la part des firmes pharmaceutiques des investissements financiers très lourds, car les bénéfices en retour peuvent être très importants, mais il n’en est pas de même pour les molécules anciennes vendues au prix des génériques. Il faudrait donc alors que les pouvoirs publics soutiennent ces recherches, ce qui n’est pas très réaliste dans la période actuelle. Pour des raisons à la fois de précaution (justifiée) et de restrictions budgétaires, certains progrès thérapeutiques risquent donc de ne pas pouvoir apparaître. Sauf quand la voix des médecins et/ou des patients se fait suffisamment entendre, comme c’est le cas en ce moment avec le baclofène sur lequel des études ont pu être lancées.

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27 juin 2012 3 27 /06 /juin /2012 08:24

rupture.jpg   Comme cela arrive désormais de plus en plus souvent, plusieurs médicaments sont actuellement très peu disponibles voire plus du tout du fait de ruptures d'approvisionnement des pharmacies. Il ne s'agit en rien de suspensions pour des problèmes de sécurité ou d'effets secondaires, mais uniquement de retards de fabrications et/ou de livraison. Les industriels du médicament travaillant aujourd'hui en "flux tendu", il n'est pas rare qu'ils aient du mal à prévoir les quantités nécessaires dans les différents pays, surtout pour des médicaments moins courants.

   Deux problèmes très pratiques se posent en ce moment dans le domaine des psychotropes. Le premier concerne l'Atarax, qui est normalement prescrit pour des allergies mais également dans certains cas contre l'anxiété et les troubles du sommeil. Il existe deux dosages, l'un à 25 et l'autre à 100 mg. L'Atarax 100 est actuellement introuvable, et ne sera pas disponible d'ici à plusieurs mois d'après le laboratoire. C'est plutot l'Atarax 25 qui est utilisé comme psychotrope mais, par répercussion de l'absence du 100 mg, les stocks sont aujourd'hui très insuffisants et beaucoup de pharmacies ne peuvent pas le délivrer régulièrement. Il n'existe malheureusement pas d'équivalent parfait pour ce médicament (qui n'est pas une benzodiazépine), il est donc vraiment nécessaire de revoir la question avec son médecin pour pallier à ce problème qui risque de durer encore quelques mois, au risque sinon de devoir faire le tour de toutes les officines pour ne pas se trouver en rupture de traitement.

   Le second problème est plus circonscrit et porte sur une rupture de fabrication du Marsilid, un antidépresseur très efficace mais très peu utilisé aujourd'hui car il a été supplanté par les plus récents, plus simples à prescrire. Le Marsilid fait partie de la famille des antidépresseurs "IMAO", dont il est le seul représentant en France. Le remplacement ne peut donc pas se faire par un autre antidépresseur disponible, car le mécanisme d'action ne sera pas le même. Lorsque cela est nécessaire, les médecins peuvent donc demander une autorisation spéciale pour prescrire un autre médicament IMAO  équivalent, commercialisé à l'étranger. Là aussi, il est donc essentiel de revoir la question du traitement avec son médecin (psychiatre généralement pour ce cas de figure très spécialisé) pour trouver la meilleure solution thérapeutique.

   Tout cela pose réellement le problème de la fabrication et de l'organisation de la distribution des médicaments en France, et il est vraiment dommage que des difficultés médicales de ce type se posent de plus en plus fréquemment, parfois même en milieu hospitalier.

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10 mai 2012 4 10 /05 /mai /2012 21:07

Définition : Tranquillisant assez fort pour endormir un éléphant.

 

   Alain Finkielkraut, Petit fictionnaire illustré : Les mots qui manquent au dico, 2006.

 

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2 mars 2012 5 02 /03 /mars /2012 08:04

enfantin 3 Une grande étude menée aux Etats-Unis, sur plus de 30000 personnes au total, vient de révéler que l'utilisation de médicaments hypnotiques (somnifères) est un facteur de risque de mortalité accrue. Plus la consommation augmente, plus le risque de mortalité augmente, jusqu'à environ 5 fois plus chez les "gros" consommateurs (plus de 130 comprimés par an). Ces résultats restent valables même quand on prend en compte le fait que les personnes préalablement malades et à risque peuvent être conduites à prendre plus de somnifères que les autres. Tous les types de somnifères étudiés, des plus anciens aux plus récents, semblent associés aux mêmes risques.

Par ailleurs, l'étude montre que la consommation régulière de somnifères augmente plus spécialement le risque de développer certains cancers.

Les mécanismes de ces risques ne sont pas clairs mais peuvent être divers : effets délétères directs au niveau biologique ou effets indirects sur certains organes (par exemple certains somnifères favorisent l'apparition de reflux gastriques augmentant le risque de cancer de l'oesophage à long terme).

Quoi qu'il en soit, ces résultats assez démonstratifs doivent inciter une nouvelle fois à réduire nos consomations de somnifères, en les réservant à des situations particulières où les méthodes "naturelles" (relaxation, activité phyisque dans la journée, etc.) ne suffisent pas, et ceci de manière transitoire. 

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11 janvier 2012 3 11 /01 /janvier /2012 19:15

    Comme déjà évoqué sur ce blog l'an dernier, les conditions de commercialisation de plusieurs médicaments psy ont été modifiées en ce début d'année.

    Le Noctran et la Mépronizine (deux somnifères puissants) ont été complètement supprimés depuis 3 mois déjà.

    Les prescriptions de Rivotril (clonazépam) sont très restreintes, et sont maintenant réservées aux neurologues, pour l'épilepsie surtout, avec au moins une consultation par an par un spécialiste, et des ordonnances spéciales. L'AFSSAPS a accordé un délai supplémentaire pour cette modification, car les traitements ne doivent pas être arrêtés brutalement. Mais, à court terme, il est préférable pour les patients recevant du Rivotril pour l'anxiété, le sommeil ou les douleurs, de voir avec leur médecin quelle solution adopter (arrêt du médicament, mise en place d'un traitement non médicamenteux, autre médicament, etc.).

    Enfin, depuis cette semaine, le méprobamate (Equanil) est complètement retiré du marché. Il s'agissait d'un anxiolytique sédatif, souvent prescrit chez les personnes dépendantes à l'alcool. Là aussi, un avis médical est nécessaire pour gérer au mieux cette situation d'arrêt nécessaire.

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29 août 2011 1 29 /08 /août /2011 22:06

pharma-croix-23-roma-vierge.jpg   L’agence chargée de surveiller les médicaments en France (AFSSAPS) vient de signaler un problème concernant l’usage de l’Epitomax (topiramate).

   Il s’agit d’un médicament utilisé dans deux pathologies, l’épilepsie et les migraines, pour lesquelles il peut avoir des effets thérapeutiques intéressants, surtout en cas d’échec ou de difficultés avec les traitements plus habituels.

   Il se trouve que, chez certains patients, l’Epitomax peut avoir des effets sur l’appétit et/ou le poids, conduisant à un amaigrissement, léger en général. Craignant une dérive similaire à celle du Médiator, les experts de l’AFSSAPS ont donc souhaité prévenir les médecins et les patients que ce médicament ne doit pas être utilisé à visée amaigrissante, car il ne s’agit pas de sa fonction principale et les risques d’effets secondaires sont assez élevés, dans différents domaines (reins, yeux, troubles du comportement, métabolisme, etc.).

   Il n’existe pas, à ce jour, d’usage réellement détourné de l’Epitomax en France. Certains psychiatres, surtout hospitaliers, le prescrivent parfois dans certaines formes particulières de troubles de l’humeur résistants, mais avec une surveillance rapprochée car il ne s’agit pas non plus d’une indication reconnue.

   Il est clair que la tendance actuelle des autorités et des médecins sera de plus en plus de privilégier, pour des raisons de sécurité, le principe de précaution et donc l’utilisation des médicaments uniquement dans les pathologies où ils ont fait la preuve d’un bon rapport entre efficacité et risques. Il s’agit d’une évolution très positive, même s’il reste nécessaire de continuer les recherches, encadrées, pour découvrir de nouvelles solutions thérapeutiques dans beaucoup de maladies encore mal soignées.

   Retenons finalement qu’il n’existe, à l’heure actuelle (malheureusement), aucun médicament efficace et non délétère pour réduire directement l’appétit. Toutes les solutions proposées sont donc soit inutiles soit dangereuses, et souvent les deux.

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28 avril 2011 4 28 /04 /avril /2011 08:11

eau.jpg   Contrairement à ce qui avait été suggéré par des études antérieures, une recherche britanique vient de montrer qu'il n'existe aucun lien entre la teneur de l'eau du robinet en lithium et les taux de suicide. Pourquoi cette question ? Car le lithium est un des seuls médicaments, avec certains antidépresseurs, qui a fait la preuve d'un effet de réduction du risque suicidaire. Il s'agit en fait, dans ce cas, d'un traitement donné aux patients souffrant de trouble de l'humeur, surtout du trouble bipolaire (maladie maniaco-dépressive).

    Mais il se trouve aussi que le lithium est un produit naturel, présent dans certains aliments et dans l'eau de boisson, même si en quantité extrêmement faible. On pouvait donc se demander, et certaines enquêtes antérieures le laissaient en partie penser, si le lithium "homéopathique" présent dans l'eau de boisson pouvait avoir un impact positif sur les actes suicidaires de la population qui la consomme. L'article qui vient d'être publié dans le British Journal of Psychiatrie infirme clairement cette hypothèse, ne retrouvant aucun lien statistique entre le nombre de suicides observés pendant deux ans dans 47 départements de l'est de l'Angleterre et la concentration en lithium dans l'eau du robinet de ces régions.

   Deux conclusions donc :

   - le lithium, pour être actif, doit être administré à des doses bien précises, présentes dans les comprimés pharmaceutiques, et les médecins le savent bien d'ailleurs (des prises de sang sont nécessaires régulièrement pour s'assurer que la concentration du médicament est correcte pour chaque patient traité);

   - en cas de mariage Princier, l'eau du robinet est probablement meilleure pour la santé que le Champagne anglais...

(réponse à la formule célèbre de John Lennon)

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8 avril 2011 5 08 /04 /avril /2011 17:33

                                                           depression.jpg

 

    Environ 5% des Français prennent un traitement antidépresseur au moins une fois au cours d'une année. Ce chiffre peut paraître élevé, mais il correspond assez bien à la proportion de personnes souffrant de dépression à un moment donné dans la population générale. Les enquêtes suggèrent cependant que le problème n'est pas tant celui de la fréquence des traitements, mais plutôt de leur adaptation aux besoins et surtout de leur durée.

 

   La grande majorité des prescriptions d'antidépresseurs en France sont faites par des médecins généralistes. Malgré leurs compétences et les formations qui sont de plus en plus nombreuses sur ce sujet, ces médecins ont rarement le temps d'évaluer assez précisément la pertinence de ces prescriptions et surtout de prévoir leur suivi dans le temps. Certaines erreurs ou approximations peuvent alors survenir.

 

   Le premier point difficile est celui de la décision de prescrire, et donc souvent celui du diagnostic. Les antidépresseurs ne sont efficaces et justifiés qu'en cas de dépression avérée. Ceci veut dire un état anormal de tristesse, de perte d'intérêt, de fatigue, d'insomnie, etc., qui cause une souffrance presque continue et cela pendant au moins plusieurs semaines. Il ne s'agit donc pas d'un "coup de blues" passager, ou d'un "burn out" de quelques jours. Ces perturbations émotionnelles ou physiologiques, souvent liées à des stress ou à des événements difficiles, peuvent poser de vrais problèmes et nécessiter une aide, mais en général pas un antidépresseur. Et en tout cas pas sans avoir essayer d'abord d'autres méthodes plus naturelles comme le repos, des exercices de relaxation, et si possible un soutien psychologique. On sait que certaines prescriptions d'antidépresseurs sont faites sans réel besoin.

 

   Le second point est presque l'inverse du premier, car il s'agit des insuffisances de traitement lorsque les patients en ont peur ou n'ont pas conscience qu'ils en ont besoin. Le diagnostic est alors porté trop tardivement, la dépression s'aggrave et elle devient plus difficile à prendre en charge. Il faut surtout leur expliquer que la dépression est un état pathologique, et que les antidépresseurs n'ont pas tous les inconvénients qu'ils redoutent en général.

 

   De même, beaucoup de traitements sont interrompus beaucoup trop vite. Ce peut être le cas lorsque le patient a l'impression que le médicament n'agit pas assez vite. Or, la plupart du temps, un antidépresseur n'agit vraiment en "profondeur" qu'à partir de 3 ou 4 semaines. Il faut donc attendre ce délai avant de décider d'un échec et d'un éventuel changement de dose ou de médicament. Puis, la même question se pose en cas d'efficacité. Lorsqu'une dépression est avérée, et qu'une prescription d'antidépresseur est justifiée, il s'agit forcément d'un traitement prolongé, d'au moins 4 à 6 mois. Les phases dépressives durent en moyenne 6 mois, et il existe donc un risque très élevé de rechute (plus difficile à soigner) si on arrête le traitement avant cette durée. Comme les antibiotiques ne doivent pas être arrêtés après quelques jours sous prétexte que la fièvre a disparu, les antidépresseurs doivent être poursuivis même si l'humeur est revedevenue normale. Même si l'on se sent bien, il faut continuer à les prendre encore plusieurs mois, durée à définir avec son médecin.

 

   Beaucoup de patients ne suivent pas scrupuleusement la prescription faite par leur médecin, soit par négligence soit du fait de certains effets secondaires. Ils sautent alors des prises, réduisent la dose, change les horaires, etc. Il s'agit pourtant d'un traitement de fond qui ne fonctionne que quand on le prend tous les jours à la même dose, et il risque de perdre son efficacité s'il n'est pas pris correctement.

 

   Enfin, certains problèmes peuvent survenir lors de l'arrêt, surtout quand il a lieu trop brutalement et sans précaution. La plupart des antidépresseurs doivent être arrêtés progressivement, en général sur plusieurs semaines. Ceci permet d'éviter tout problème de sevrage ou de "rebond" (amplification des troubles antérieurs du fait de la suppression du traitement efficace), et de dépister rapidement un risque de rechute. 

 

   Tenir compte de toutes ces règles permet en général de bénéficier au mieux d'un traitement antidépresseur, uniquement lorsqu'il est justifié mais en suivant alors toutes les conditions pour qu'il soit pleinement efficace.

 

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15 février 2011 2 15 /02 /février /2011 09:11

 

                                                 enfantin-7.jpg

   La fameuse "liste des 77 médicaments sous surveillance" publiée récemment a fait beaucoup de bruit, dans les suites de l'affaire du Mediator. Dans cette liste, on trouve 15 médicaments psychotropes.

   Les motifs de ces mises sous surveillance sont très divers d'un produit à l'autre, et relèvent  globalement de l'application légitime du principe de précaution par les autorités de santé.

   Cette publication vise à informer le public et les patients sur les procédures mises en oeuvre, mais ne reflètent pas d'éléments réellement nouveaux sur la dangerosité potentielle des produits cités. Les risques d'usages détournés (abus, addictions) sont très présents dans cette liste, notamment pour les produits prescrits dans le traitement des addictions ou pour les somnifères. Quelques effets secondaires suspectés chez des prosuits récents font l'objet d'une surveillance attentive dans les premières années de commercialisation. Enfin, le rapport "bénéfice/risque" de certains médicaments anciens pourrait être remis en cause prochainement, notamment parmi les hypnotiques.

   Voici en quelques mots la situation des psychotropes concernés.

1. Antidépresseurs

- Stablon (tianeptine) : surveillance depuis 2004 d'un risque potentiel de dépendance. Des mesures préventives ont été prises en 2005 et seront évaluées en 2011.

- Valdoxan (agomélatine) : signalement depuis 2010 (début de la commercialisation) d'un risque d'hépatite, impliquant des surveillances régulières du bilan hépatique. Les effets observés seront analysés en 2011.

- Cymbalta (duloxétine) : surveillance des risques d'hépatite et de conduites suicidaires.

2. Hypnotiques (somnifères)

- Stilnox (zolpidem) : risques connus de dépendance et d'usages addictifs. Possibles décisions en mars 2011.

- Noctran (acépromazine + acéprométazine + clorazépate) : remise en cause de l'intérêt de cette combinaison de 3 molécules différentes, avec risques chez la personne âgée. Usage trop prolongé en général. Retrait possible en 2011.

Mépronizine (méprobamateacéprométazine) : toxicité connue en cas de surdosage. 

Rohypnol (flunitrazépam) : surveillance depuis 2000 des risques d'usage abusif et d'addiction. 

3. Traitements des addictions

Champix (varénicline) traitement de la dépendance au tabac : surveillance des risques de problèmes psychiatriques et de conduites suicidaires.

- Equanil (méprobamate) traitement du sevrage alcoolique : remise en cause de l'intérêt de cette molécule dangereuse en cas de surdosage.

- Méthadone gélules (traitement de la dépendance aux opiacés) : surveillance des risques de dépendance et de toxicité en cas de surdosage.

Subutex (buprénorphine) traitement de la dépendance aux opiacés : surveillance depuis 2000 des risques d'usage abusif et d'addiction.

4. Autres familles

Ritaline, Concerta, Quasym (méthylphénidate), traitement de l'hyperactivité avec déficit de l'attention : surveillance depuis 1995 des risques potentiels de dépendance et d'usage addictif.

Rivotril (clonazépam) traitement de l'épilepsie mais aussi utilisé dans l'anxiété : surveillance des risques d'usage abusif et d'addiction.

Lyrica (prégabaline) traitement de l'épilepsie mais aussi de certaines douleurs et de l'anxiété : surveillance des risques d'effets secondaires (cutanés, hématologiques et ophtalmologiques).

Zypadhera (olanzapine) traitement injectable de certaines psychoses : surveillance des risques de toxicité après l'injection.

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23 janvier 2011 7 23 /01 /janvier /2011 16:22

            Voilà une question potentiellement grave et complexe, mais qui est très mal étudiée et encadrée jusqu’à présent. D’un point de vue légal, tous les médicaments psychotropes font l’objet d’une mention de prudence, symbolisée par l’un des trois dessins ci-dessous, dont les couleurs correspondent à un niveau de risque croissant (1 jaune = risque faible ; 2 orange = risque moyen ; 3 rouge = risque élevé).

                                           Conduite.JPG

            En pratique, la quasi-totalité des psychotropes sont classés orange (antidépresseurs et anxiolytique peu sédatifs, c'est-à-dire ne provoquant pas de somnolence) ou rouge (somnifères, anxiolytiques et neuroleptiques sédatifs).

Pour les triangles rouges (niveau 3), la question ne se pose pratiquement pas : la conduite automobile est réellement interdite du fait de la somnolence induite. Certes, chaque personne réagit différemment aux médicaments, et certains gardent une vigilance complète même en prenant des médicaments sédatifs. Ces effets peuvent varier selon l’âge, la dose, l’heure de la journée, etc. Par exemple, un somnifère pris le soir vers 23h ne devrait pas avoir trop d’impact sur la vigilance du lendemain après-midi, mais cela reste variable. Bien sûr, l’interdiction de conduire peut s’avérer très handicapante dans la vie quotidienne, mais ce handicap est, en fait, lié à la maladie elle-même si le traitement est indispensable. En cas d’accident de toute façon, les torts reviendront au patient si on découvre qu’il prenait un traitement, ce qui est maintenant systématiquement recherché.

            Pour les triangles oranges (niveau 2), la discussion est plus délicate. Elle concerne tous les antidépresseurs et la plupart des anxiolytiques. La recommandation est de ne pas conduire sans autorisation explicite du médecin. Certains antidépresseurs s’avèrent plus sédatifs que d’autres, mais les différences de sensibilité d’une personne à l’autre sont très grandes. Dans l’idéal, il faudrait pouvoir soumettre les patients à des tests d’attention, sur simulateur de conduite par exemple, mais ceci s’avère impossible dans la réalité.

Les médecins ont donc peu d’éléments objectifs pour statuer, et il est très rare qu’ils signalent une interdiction franche de conduire à leur patient. Ils préviennent les patients des risques existant, leur conseillant de ne pas conduire quand ils se sentent fatigués. Mais il s’agit toujours de traitements continus et de longue durée, et il est impossible de prévoir avec certitude qu’à aucun moment le patient n’aura de baisse de vigilance.

Une interdiction complète de conduire aurait évidemment un impact très négatif sur leur vie sociale et professionnelle, remettant en cause l’intérêt du traitement. La question de la responsabilité pénale des personnes sous psychotropes de niveau 2 et de leur médecin en cas d’accident n’est pas aujourd’hui couramment posée, mais elle pourrait l’être plus souvent dans l’avenir. Il est donc bon de respecter des précautions strictes et objectives.

Voici donc en pratique les précautions essentielles :

- toujours poser la question à son médecin, lui donner le maximum d’informations (effets ressentis, type de trajets à réaliser, etc.), et respecter ses instructions ;

- en cas de doute d’un médecin généraliste, il peut éventuellement demander l’avis d’un spécialiste, psychiatre ou neurologue notamment ;

- lors d'un traitement de longue durée, revoir cette question régulièrement avec son médecin, car certaines choses peuvent évoluer avec le temps et l’état de santé ;

- même si la conduite est autorisée, considérer de principe qu’elle est plus à risque que sans psychotrope, et qu’il est préférable de s’abstenir de conduire quand cela est possible (passer le volant à une autre personne, prendre les transports en commun, etc.) ;

- éviter de prendre la route dans les 4 heures suivant la prise du médicament (la plupart des antidépresseurs peuvent être pris le soir) ;

- respecter plus radicalement encore les conseils de sécurité donnés à tous les conducteurs : ne pas conduire sur des périodes prolongées, éviter de conduire la nuit et dans des conditions climatiques difficiles, s’arrêter dès que l’on se sent fatigué ou somnolent, n’avoir aucune source de distraction (téléphone surtout) ;

- ne pas compter sur le café ou d’autre stimulants pour augmenter sa vigilance : ils auront d’autres effets secondaires gênants (nervosité), et leurs effets sur l’attention risquent d’être insuffisants ou de courte durée ;

- s’abstenir complètement de boire de l’alcool dans les 8 heures précédant la conduite, car son effet démultiplie les troubles de l’attention produits par les psychotropes ;

- s’abstenir de toute consommation de drogue, dont le cannabis, dans les jours précédant la conduite, car les effets délétères peuvent être durables et ils sont détectés dans le corps longtemps après la prise en cas de contrôle.


Enfin, ce problème important de conduite automobile devrait inciter tout le monde (médecins, patients, pouvoirs publics) à être attentif aux traitements non essentiels et à tout faire pour les arrêter quand cela est possible. Ceci concerne peu les antidépresseurs, mais plutôt les anxiolytiques qui sont souvent utilisés sur de trop longues durées en France, alors que leur bon usage ne porte que sur des périodes de quelques jours à quelques semaines au maximum. Les méthodes non médicamenteuses de traitement de l’anxiété, les psychothérapies notamment, sont largement préférables de ce point de vue bien sûr.

Avec tout ça, bonne route quand même !

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Vous êtes votre meilleur psy !

Vous êtes votre meilleur psy ! Aller mieux sans divan ni médicament (Flammarion 2017)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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