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Ce blog est un lieu d'information sur les problèmes d'anxiété, de dépression et toutes autres difficultés psychologiques et les traitements existant pour ces troubles. Avec une volonté d'optimisme et de dédramatisation, dans l'optique de la psychiatrie positive.

Il ne s'agit en aucun cas de donner des conseils médicaux personnels.

Les informations données ici sont les plus objectives possibles, mais reflètent forcément les points de vue de l'auteur.

   Bonne lecture et n'hésitez pas à laisser des commentaires ou des questions.

L'auteur

Antoine PELISSOLO, psychiatre

2 mars 2014 7 02 /03 /mars /2014 09:55

Mes explications sur Le Plus du Nouvel Obs. Bonne lecture, et tous vos commentaires sont les bienvenus.

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9 septembre 2013 1 09 /09 /septembre /2013 20:54

introvert1.jpg            Une des dimensions essentielles de la « psychodiversité » des tempéraments est celle de l’introversion/extraversion. Il s’agit d’un continuum allant d’un très faible besoin de stimulations (introversion marquée) à un besoin très élevé de stimulations et de sensations fortes (extraversion extrême). La majorité des personnes se situent autour d’un niveau moyen, ayant souvent besoin de stimulations, mais pouvant aussi s’en passer dans bien des cas. Il existe environ 30 à 50% d’introvertis dans la population générale. Cette tendance personnelle à rechercher le calme ne doit pas être confondue avec la timidité, qui se définit comme  une appréhension du regard de l’autre, même si ces deux traits sont fréquemment associés.

            Notre société occidentale, et notamment dans le monde du travail, est organisée par et pour les extravertis. Ils se mettent le plus en avant, sont charismatiques, semblent réussir plus que les autres, et imposent d’une certaine manière leur « style » de comportement aux autres. Ainsi, dès l’école, le travail en groupe est valorisé, il faut parler en public, travailler à plusieurs, se montrer, impressionner. Dans les entreprises, les « openspaces » sont privilégiés, et les réunions constituent les points d’orgue de l’organisation du travail de chacun. Les extravertis en sont ravis, et y font preuve de toutes leurs compétences relationnelles.

            Mais cette société de l’extraversion est-elle la plus pertinente ? Les individus y trouvent-ils leur bonheur et leur épanouissement, et les entreprises sont-elles ainsi plus efficaces ? Un livre, qui connaît actuellement un grand succès aux Etats-Unis, répond clairement par la négative à ces questions. Il s’intitule « Le pouvoir des introvertis dans un monde qui n’arrête pas de parler ». Son auteur, Susan Cain, ancienne juriste, y revendique le statut d’introvertie et le droit au silence et au calme. Son argumentaire repose sur la démonstration que beaucoup de grandes personnalités ont réussi malgré une forte introversion (Lincoln, Einstein, Ghandi,…). A intelligence égale, les introvertis ont en moyenne de meilleurs résultats scolaires et font preuve de plus de capacités d’empathie. Mais Susan Cain souligne aussi le fait que la culture exacerbée du travail en groupe est délétère pour la créativité de chacun. En effet, les personnalités les plus extraverties ont vite tendance à imposer leurs points de vue et leurs idées, que le groupe adopte facilement par effet d’entraînement, alors qu’il n’existe aucune corrélation entre charisme et intelligence. L’agitation et la persuasion de certains n’aident pas à faire émerger les bonnes idées que d’autres pourraient avoir.

            Sans viser bien sûr à supprimer toute vie collective, et surtout les échanges informels et les moments de rapprochement qui génèrent aussi du bien être et de dynamisme créatif, il serait donc intéressant de respecter les tendances de chacun et de favoriser aussi le travail personnel, les temps de réflexion au calme, et de ne pas dévaloriser les moments de solitude. Il n’est d’ailleurs probablement pas anodin de constater l’engouement fort actuel pour les pratiques de méditation, qui répondent en grande partie à ce besoin individuel de silence et de retour sur soi.


Liens :

- "Quiet: The Power of Introverts in a World That Can't Stop Talking" par Susan Cain

- Les 5 traits centraux de la personnalité

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2 février 2013 6 02 /02 /février /2013 14:56

Une-salutation-au-soleil-XXL_image_dossier_paysage_2.jpgDifférents médias ont relayé les résultats d’un article scientifique récent faisant état de l’effet antidépresseur du Yoga, paru dans la revue Frontiers in Psychiatry. Dans la tendance actuelle du « tout sauf les médicaments », on peut comprendre que cette information retienne l’attention et fasse naître quelque espoir chez les personnes touchées par cette affection redoutable qu’est la dépression.

En réalité, l’article en question analyse de manière groupée plusieurs études ayant été effectuées sur les effets du Yoga chez des personnes dépressives (jeunes ou âgées), et conclue bien à certains effets positifs. Mais avec beaucoup de réserves : les études portent sur des petits nombres de personnes, sur des durées assez brèves, et surtout ne sont pas comparatives. Elles ne permettent notamment pas de faire la part d’un effet placebo, très probable dans ce type de situation.

Ceci dit, ces données restent intéressantes et permettent de rappeler que la prise en charge de la plupart des problèmes psychologiques doit reposer sur une combinaison de moyens, complémentaires les uns des autres. Si les médicaments ont toute leur place dans le traitement des dépressions graves, les méthodes plus naturelles que sont la psychothérapie et l’hygiène de vie tiennent une place essentielle dans la prévention et la lutte contre des états dépressifs et anxieux moins sévères mais souvent durables et douloureux. Elles permettent de développer ou de consolider des ressources essentielles pour faire face aux stresseurs de la vie courante, et aussi pour favoriser la résilience dans des situations encore plus perturbantes.

En quoi le Yoga peut-il s’inscrire dans cette démarche préventive ? Il rassemble en fait différents outils qui sont de véritables piliers du bien-être : activité physique douce mais prolongée, entraînement des capacités d’attention, développement du lâcher-prise et de l’auto-contrôle, augmentation des sentiments d’efficacité personnelle, etc. Tout comme les méthodes très en vogues de « méditation en pleine conscience », avec lesquelles le Yoga partage de nombreux points communs, ces objectifs qui peuvent paraître assez superficiels à première vue entraînent de réelles modifications biologiques ayant des effets protecteurs contre la dépression et l’anxiété. Ces modifications concernent les deux organes directement touchés par la toxicité du stress, le cerveau et le cœur. Parmi les hormones et neurotransmetteurs modifiés par le Yoga, on peut noter une augmentation des substances favorables comme le GABA, la sérotonine et le BDNF (véritable engrais des neurones), et une réduction d’agents neuro-toxiques comme le cortisol ou la noradrénaline. De très nombreux effets, encore mal précisés, sont aussi pressentis sur le système immunitaire, soupçonné aujourd’hui de dérèglements dans beaucoup de troubles psychologiques.

            Les méthodes « bio » comme le Yoga ont donc de bonnes raisons d’être encouragées pour la prévention et même le traitement de la dépression, de l’anxiété, des troubles du sommeil, ou encore des déficits d’attention. Leur principale limite, dans la vie réelle, est la difficulté à les appliquer avec endurance dans la durée, condition sine qua non de leur efficacité. D’où l’intérêt d’un ancrage dans des activités les plus plaisantes possibles, par exemple à plusieurs et dans un climat ludique et agréable, et un apprentissage qui devrait faire partie des bases de l’éducation au bien-être,  malheureusement pas encore inscrite au programme de nos écoles. 

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26 janvier 2013 6 26 /01 /janvier /2013 00:21

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20 novembre 2012 2 20 /11 /novembre /2012 22:38

ondes.jpg  Parmi les maladies de la modernité, qui n’existaient quasiment pas il y  a 20 ans, figure l’hypersensibilité aux ondes électromagnétiques. Il s’agit de personnes se plaignant de douleurs, de vertiges, d’insomnie ou d’autres gênes physiques ou psychiques qui leur semblent en rapport avec des ondes présentes dans l’environnement. Les sources les plus incriminées sont celles de la téléphonie mobile, de l’internet et du Wi-Fi. Cette hypersensibilité peut prendre différentes formes et différentes intensités. A l’extrême, les personnes touchées limitent leur fréquentation des zones riches en émissions, calfeutrent leur logement, se couvrent de protections et de vêtements adhoc, et même font le choix de vivre isolées le plus loin possible de toute source de rayonnement.  Il existe désormais des associations et des sites web dédiés à cette affection. Quelques médecins et scientifiques développent des programmes de recherche et d’exploration spécifiques, voire de traitement hasardeux, dans le cadre d’une activité privée en général…

De nombreuses questions restent non résolues dans ce domaine. Les ondes électriques (hautes tensions) et électromagnétiques peuvent bien sûr avoir un impact sur le corps humain, lorsqu’elles sont appliquées à très haute intensité. Il existe des normes évitant d’approcher ces « doses » toxiques dans l’environnement, mais les rayonnements couramment en cause dans les phénomènes d’électrosensibilité sont très nettement inférieurs à ces normes. Deux autres points conduisent à s’interroger sur l’origine réelle de ces réactions : d’une part les symptômes présentés sont toujours des plaintes subjectives (jamais de lésion visible, de modifications biologiques patentes, etc.) et, d’autre part, toutes les recherches rigoureuses étudiant l’effet des ondes en « aveugle » ont toujours été négatives. Lorsque l’on allume ou que l’on éteint les sources sans prévenir les personnes, les effets ressentis restent les mêmes et indépendantes de l’existence ou non d’un rayonnement.

Bien sûr, il serait inadapté et dangereux de stigmatiser les personnes souffrant de ces symptômes, notamment en remettant en cause l’authenticité de leurs déclarations. Tant que toutes les questions scientifiques n’auront pas été réglées au sujet de l’effet des ondes électromagnétiques sur la physiologie humaine, la plus grande prudence s’imposera. Et le ressenti des personnes touchées est bien réel, il ne s’agit pas de les montrer du doigt comme des malades imaginaires. Mais il serait, à l’inverse, malhonnête et contre-productif de les entretenir dans l’idée que leur souffrance est un effet physique direct des ondes extérieures. Nombreux sont les cas, en médecine, où le corps extériorise des souffrances de l’esprit qui ne sont pas exprimables autrement. Et classiques sont les « épidémies » de symptômes collectifs, basées sur des informations médiatiques et sur des progrès technologiques porteurs de dangers potentiels et donc d’inquiétudes. Les mécanismes psychopathologiques pouvant sous-tendre ces réactions sont diverses et connues : somatisations, conversions, dissociations, etc.  Mais, là aussi, la stigmatisation des troubles psychiques est telle que cette présentation des choses doit être prudente et accompagnée d’une forte dose… de pédagogie.

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11 novembre 2012 7 11 /11 /novembre /2012 22:45

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            Maladie bien étrange, illustrée par le film d’Alice Winocur avec Vincent Lindon dans le rôle du Professeur Charcot. Pudiquement, on l’appelle aujourd’hui « conversion » ou « trouble somatoforme », car l’hystérie a trop mauvaise presse et une connotation sexiste malvenue. Mais elle n’a pas disparu, loin de là. En psychiatrie, un état de conversion est un symptôme physique, sensoriel ou cognitif (intellectuel) qui ne peut pas s’expliquer par une maladie spécifique ni par la défaillance d’un organe ou d’une fonction identifiée. Il s’agit le plus souvent de paralysies, de douleurs, de troubles de l’équilibre et de la marche, de pertes de sensibilité ou d’une fonction de communication (la voix surtout). Au plan psychique, on rencontre parfois des troubles de la mémoire, plus ou moins étendus, des états confusionnels, et parfois des troubles de la conscience et de l’identité. Les patientes hystériques de l’époque de Charcot exprimaient des symptômes perçues chez d’autres femmes malades qu’elles côtoyaient à l’hôpital, surtout des crises d’épilepsie. Aujourd’hui, les manifestations les plus fréquentes se rapprochent des maladies « modernes », de l’air du temps : les douleurs y sont prédominantes, ainsi que différents signes de souffrance psychologique comme la dépression, les crises d’angoisse, ou l’hypersensibilité (aux ondes électromagnétiques notamment). Des maladies nouvelles, difficiles à expliquer et à définir biologiquement, comme la fibromyalgie, sont probablement en grande partie déterminées par des facteurs proches de la conversion.

            Les mécanismes de l’hystérie demeurent aujourd’hui énigmatiques. L’explication psychologique simple, en grande partie héritée de Freud et de la psychanalyse, est que l’organisme « mime » une maladie dans le but d’exprimer un conflit inconscient angoissant et d’attirer le regard des autres, des proches et des médecins en particulier. Il ne s’agit absolument pas d’une simulation volontaire ni consciente, mais d’une expression par le corps d’une détresse qui ne peut être dite ni même reconnue par la personne. Le fait est que beaucoup de patients souffrant de conversion hystérique ont une histoire personnelle complexe, souvent marquée par des événements traumatisants ou des trajectoires de vie très mouvementées et douloureuses. Et, malgré ces antécédents, ils ont souvent du mal à exprimer une souffrance et à se reconnaître comme fragiles, annonçant habituellement que, en dehors du symptôme évident, « tout va bien » pour eux. Il n’existe pas de profil unique de personnalité pouvant présenter un syndrome de conversion, même si certains traits se retrouvent fréquemment : une attention importante accordée au regard de l’autre et à sa propre apparence (besoin de plaire et d’être aimé), une certaine dépendance affective envers les autres, et une grande expressivité des sentiments et des émotions, positives et négatives.

Même si quelques études d’imagerie cérébrale ont pu mettre en évidence quelques particularités neuronales dans certains cas de conversion, nous n’avons aujourd’hui pas d’explication précise sur le fait qu’un patient puisse être aveugle sans présenter d’anomalie des yeux ni du cerveau, ne pas marcher sans problème musculaire ni neurologique, ou encore ait des douleurs diffuses sans lésion des tissus ni des organes. Heureusement, les symptômes de ce type peuvent toujours disparaître, et cela à tout moment de l’évolution. On sait cependant que quand ils sont installés depuis longtemps, leur pronostic n’est pas très bon et qu’ils peuvent perdurer parfois de nombreuses années.

Le traitement des conversions doit comporter plusieurs interventions complémentaires : psychologiques surtout, mais aussi médicales et souvent sociales. La psychothérapie est naturellement essentielle si l’on pense que des traumatismes ou l’accumulation de stress et de frustrations ont pu conduire à cette pathologie, comme c’est le cas le plus souvent. Mais ce sont des thérapies difficiles, dans lesquelles il faut d’abord gagner la confiance du patient puis l’amener progressivement à accepter un travail sur lui-même, forcément douloureux. Au plan médical, il faut rassurer le patient sur l’absence de maladie organique, mais sans lui laisser entendre qu’on remet en doute sa souffrance et son authenticité. Sans poursuivre inutilement des examens médicaux couteux et dangereux, il faut garder un œil sur d’éventuelles pathologies sous-jacentes, qui pourraient apparaître plus tard. Et un accompagnement médicalisé est important quand il existe un handicap fonctionnel réel : kinésithérapie, rééducation, traitements médicamenteux, etc. Des techniques nouvelles, agissant sur certaines régions cérébrales potentiellement en cause dans les conversions, comme la stimulation magnétique transcrânienne, sont testées actuellement. Enfin, l’intervention d’assistantes sociales est souvent nécessaire, pour les personnes les plus handicapées qui risquent de perdre leur travail ou leur autonomie et pour qui la solitude est un facteur majeur d’aggravation des troubles.

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2 novembre 2012 5 02 /11 /novembre /2012 17:43

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           Certains d’entre nous ont mal à la tête rien qu’en repensant à leurs problèmes de math de 4ème ou à leur épreuve du bac. Ça n’est peut-être pas qu’une image !

Des chercheurs Américains ont étudié l’activité cérébrale de personnes déclarant avoir une anxiété importante vis-à-vis des mathématiques (sans autre peur ni phobie), et l’ont comparée à celle de personnes non anxieuses. L’expérience consistait à faire des exercices de calcul assez poussés, dans un appareil d’IRM.

Étonnamment, les particularités cérébrales des « mathophobes » n’apparaissent pas lors de la réalisation des calculs eux-mêmes, mais lors de la phase d’attente préalable. Une région très précise du cerveau, l’insula (dans sa partie dorsale et postérieure, en orange ci-dessus), est hyperactive chez les anxieux à l’approche de l’épreuve. Cette zone est connue pour être impliquée dans les manifestations de l’anxiété, notamment dans l’appréhension des situations angoissantes, mais aussi dans la perception de la douleur viscérale et physique.

C’est un peu comme si les anxieux des maths se préparaient, avant de faire des calculs, à une réaction pénible et surtout douloureuse. Effet des calculs (cérébraux) ou souvenir traumatique des punitions d’antan ?

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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 22:55

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         La peur est une émotion fondamentale, indispensable à la survie et présente chez l’homme comme chez tous les mammifères. Ses effets sur le cerveau sont probablement très nombreux, mais certains ont un impact direct et positif sur les réactions de l’individu face au danger. Une étude récente, menée par des chercheurs anglais en psychologie (E. Vagnoni et collaborateurs), a mis en évidence un effet étonnant de la peur sur l’estimation du temps. Ils ont montré des images d’animaux à des personnes volontaires, avec une séquence filmée montrant le rapprochement des animaux de l'observateur mais s’interrompant après quelques secondes. La question qui était posée aux participants était d’estimer le temps qu’il faudrait à l’animal, s’il continuait sa course, pour rentrer en collision avec l’observateur. Il existait en fait deux types d’animaux sur les photos : des espèces potentiellement dangereuses (serpents et araignées) ou des espèces non dangereuses (papillons et lapins). Les résultats montrent de manière très claire que les participants sous-estiment le délai de collision pour les espèces dangereuses par rapport aux espèces non dangereuses. De plus, les personnes signalant avoir une phobie des araignées ou des serpents ont tendance à estimer encore plus court le délai de collision pour les photos de ces animaux par rapport aux personnes non phobiques.

            L’estimation du temps met en jeu des processus cérébraux complexes, qui passent notamment par la perception visuelle du mouvement, un « métronome » interne servant de référence, et dans ce cas un effort de simulation du mouvement théorique de l’objet attendu. Il s’agit de fonctions essentielles, dans la nature, pour échapper par exemple à un prédateur, ou à l’inverse pour capturer une proie et donc se nourrir. Il existe donc une programmation très fine de ces processus, qui a permis à l’espèce humaine de survivre et de se développer. Il est très intéressant de constater que la vue d’animaux reconnus comme dangereux, probablement de manière très automatique et codée dans le cerveau, vont modifier ce programme en altérant la perception du mouvement, mais dans un sens positif permettant à l’individu de réagir plus vite que si l’animal rencontré n’est pas dangereux. Ce réglage est encore plus efficace chez les personnes phobiques, qui semblent programmées pour réagir encore plus vite.

            Ceci montre que les phobies se situent donc dans la continuité des réactions normales, avec une amplification plus ou moins forte des phénomènes de défenses fondamentalement utiles. Malheureusement, dans certaines formes extrêmes, l’émotion de peur peut aboutir à la panique, dont on sait qu’elle peut perturber de manière très chaotique les perceptions et les fonctions cognitives, aboutissant parfois à des réactions inappropriées face à des déclencheurs pourtant peu menaçants. C’est bien le paradoxe de la peur : utile à petites doses, mais néfaste à doses extrêmes.

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16 octobre 2012 2 16 /10 /octobre /2012 18:59

 Fotolia_21209949_S.jpg           Un neurochirurgien américain, Eben Alexander, raconte dans un livre à paraître prochainement sa visite du paradis lors d’une période de coma en 2008. Il est resté inconscient pendant une semaine à cause d’une méningite bactérienne, dont il s’est bien remis heureusement. Il décrit un monde merveilleux, très riche en détails et en sensations, où dominent les couleurs gaies et où vivent des êtres charmants et accueillants. Le récit de cette expérience de « mort imminente » aurait d’autant plus de poids qu’il est le fait d’un médecin et donc d’un scientifique, jusque là très sceptique sur les phénomènes paranormaux.

            Pourtant, ce témoignage est-il une preuve de l’existence d’un au-delà merveilleux et d’une vie après la mort ? Les récits d’expériences de mort imminente sont très classiques, avec des descriptions typiques de longs tunnels, de lumières divines, d’êtres de lumière, associées à la perception de son et de voix. Elles surviennent lors de syncopes ou d’arrêts cardiaques transitoires au cours desquels les personnes peuvent effectivement être considérées comme décédées à un premier examen, mais sans mort cérébrale réelle puisqu’elles « reviennent à la vie » plus ou moins rapidement. Ces personnes peuvent avoir entendu les médecins les déclarer mortes, malgré un état de conscience modifiée. Elles décrivent habituellement après coup une première phase d’angoisse massive, puis des émotions de bonheur, de plénitude voire d’extase, comme le fait Eben Alexander dans son témoignage. Une étude réalisée en 1994 avec des volontaires sains chez qui une syncope était provoquée par hypoxie a montré que 35% des sujets ressentaient alors un sentiment de paix et de bien-être, et dans 47% des cas l’impression de découvrir un monde nouveau. On peut rapprocher malheureusement ces observations des comportements de recherche de sensations fortes et plaisantes chez des jeunes adolescents ou enfants, en général par effet d’entraînement (« jeu du foulard »).

            Ces expériences rentrent en fait dans le cadre des phénomènes dits « autoscocopiques », appelés aussi « sorties du corps » (OBE pour Out of Body Experiences), car les personnes concernées disent pouvoir voir leur corps comme si elles étaient à l’extérieur de celui-ci (au-dessus en général). Ces phénomènes peuvent survenir en dehors de tout coma, et même en dehors du sommeil, mais le plus souvent ils sont provoqués par des troubles de la conscience, par exemple après des prises de drogue, dans des états de fatigue intense, ou dans des états psychologiques particuliers. Une étude menée récemment à la Pitié-Salpêtrière a montré qu’environ 30% des personnes présentant des troubles anxieux, dépressifs ou du sommeil pouvaient rapporter des expériences de sortie de leur corps à un moment de leur vie. Dans cette étude, 15% des patients d’un service de médecine interne, sans problème psychiatrique ni neurologique, signalent ce type d’antécédent.

            Certaines connaissances récentes du fonctionnement cérébral permettent de mieux comprendre ces phénomènes de distorsion de la réalité, survenant spontanément ou dans des contextes médicaux  particuliers. Certaines régions du cerveau (jonction temporo-pariétale notamment) ont pour fonction d’assurer l’unité de la perception de nous-même, en intégrant toutes les informations concernant notre schéma corporel, le contrôle de nos actes, notre position dans l’espace, etc. Pour des raisons variées, ces régions peuvent être perturbées de manière plus ou moins durable, et altérer la perception de nous-même et de l’environnement. Ce peut être le cas dans des maladies neurologiques (tumeur, épilepsie, Parkinson, etc.) ou psychiatriques (schizophrénie, attaques de panique, etc.), mais aussi en dehors de ces pathologies dans des états physiologiques perturbés. On peut même provoquer des phénomènes de sortie du corps en stimulant certaines régions cérébrales à l’aide d’un champ magnétique.

Tout le problème est ensuite de savoir comment la personne, et donc son cerveau « intelligent », va interpréter ces sensations et les intégrer à son système de compréhension du monde. Certaines personnes fragiles psychiquement peuvent prendre ces sensations « au pied de la lettre » et construire des croyances erronées qui peuvent aller jusqu’au délire (persécution, grandeur, etc.). D’autres, sans problème psychologique apparent au départ, vont être tellement bouleversées par les sensations éprouvées et le choc que cela représente qu’elle vont les rattacher à des explications crédibles car déjà rapportées par d’autres personnes ; d’où l’importance de la culture et des croyances communes qui peuvent être à la base de véritables épidémies de fausses croyances ou de légendes.

Pour en revenir à notre neurochirurgien, il est probable que son expérience paradisiaque soit celle d’un cerveau en souffrance sous l’effet de la fièvre, de difficultés respiratoires, de lésions transitoires de certaines régions cérébrales critiques, et peut-être de certains médicaments. Dans un état de conscience anormale, comparable à un sommeil très profond et particulier, son cerveau a produit des images et des sensations très fortes, qu’il a peut-être automatiquement (inconsciemment) associé à des histoires entendues antérieurement. Au réveil, le puzzle s’est reconstitué de manière parcellaire, avec notamment un mélange d’émotions inhabituelles et fortes, le conduisant à une conviction nouvelle.

Jusqu’à présent, rien n’a permis de prouver que les expériences décrites par les milliers de personnes touchées par ces phénomènes n’étaient autre chose que des hallucinations ou des rêves, bons ou mauvais. Certains chercheurs essaient notamment de montrer que les personnes qui disent être sorties de leur corps et s’être élevées au-dessus du sol, en réanimation par exemple, peuvent voir des choses qui ne sont pas visibles dans la position réelle de leur enveloppe charnelle, des objets situés sur des meubles en hauteur notamment. Aucune de ces tentatives n’a abouti jusqu’à présent.

On ira donc tous au paradis, a priori, mais surtout si on y croit très fort ! 

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22 août 2012 3 22 /08 /août /2012 13:18

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Pour en finir avec le stress

 

En cette fin d'été, un article très fin et raffraichissant dans Libération du romancier Matthieu Jung sur l'excès d'utilisation du terme "stress" dans les médias et la vie quotidienne...

        Bonne rentrée quand même !

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En librairie

 

Vous êtes votre meilleur psy !

Vous êtes votre meilleur psy ! Aller mieux sans divan ni médicament (Flammarion 2017)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retrouver l'espoir : mode d'emploi d'une psychiatrie positive (Odile Jacob 2016)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

TOC : la maladie de l'hyper-controle (Le cavalier bleu 2016)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dépression : s'enfermer ou s'en sortir (Le muscadier 2017)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour ne plus être gêné par la peur de rougir

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Les phobies à la loupe

phobies

 

 

Pour bien connaitre les médicaments psy

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