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Bienvenue

Ce blog est un lieu d'information sur les problèmes d'anxiété, de dépression et toutes autres difficultés psychologiques et les traitements existant pour ces troubles. Avec une volonté d'optimisme et de dédramatisation, dans l'optique de la psychiatrie positive.

Il ne s'agit en aucun cas de donner des conseils médicaux personnels.

Les informations données ici sont les plus objectives possibles, mais reflètent forcément les points de vue de l'auteur.

   Bonne lecture et n'hésitez pas à laisser des commentaires ou des questions.

L'auteur

Antoine PELISSOLO, psychiatre

29 décembre 2010 3 29 /12 /décembre /2010 15:20

        L'émotivité et l'anxiété présentées avec humanité et humour, voilà qui ne peut faire que du bien pour débuter une nouvelle année. Le film de Jean-Pierre Améris, avec Isabelle Carré et Benoît Poelvoorde, est loin de la caricature habituelle de la timidité et de la gaucherie à la Pierre Richard. Certes, le handicap social et la douleur morale quotidienne qu'endurent les anxieux y sont bien présents, mais sans méchanceté ni pessimisme. Le message est résolument empathique et positif, avec une fin peut-être trop belle par rapport à la réalité,... mais on est au cinéma, profitons-en !

       L'exemple de thérapie de groupe qui y est présenté (et qui donne son titre au film) est amusant et en partie réaliste, même si ces expériences sont encore très rares en France. Il s'agit là en effet de groupes d'entraide, par et pour des "émotifs" uniquement, alors que les thérapies réellement accessibles et utiles sont habituellement organisées par des praticiens professionnels. De même, les séances de psychothérapie individuelle dont bénéficie le héros timide ne ressemblent pas complètement à la réalité des thérapies comportementales et cognitives, car le psy apparaît trop silencieux et assez peu empathique. Mais ce décalage par rapport à la vraie vie fait tout le charme de cette fiction, non dramatique...

       La société moderne est dure avec les anxieux et les timides qui ont du mal à y trouver leur place, ils souffrent souvent en silence, donc tout ce qui peut faciliter les échanges, informer et dédramatiser est bon à prendre !

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18 décembre 2010 6 18 /12 /décembre /2010 22:54

   Pourquoi ne pas profiter des vacances de Noël pour prendre quelques jours de repos sans téléphone portable ? Toujours joignable grâce au boitier magique, donc toujours en éveil et attentif à la sonnerie ou au vibreur, la moitié des habitants de la planète est susceptible de développer le «syndrome de l’appel fantôme».

                                            

   Encore plus exposés sont ceux dont le métier consiste à répondre à des appels urgents et parfois vitaux, comme les médecins. Une étude nord-américaine* vient de montrer que près de 70% des praticiens d’un hôpital ont régulièrement l’impression de sentir leur téléphone vibrer, en dehors de tout appel réel. Ceci est d’autant plus fréquent que le téléphone est porté dans une poche de chemise ou de veste, et qu’il est porté longtemps dans la journée. Les personnes concernées se plaignent peu de ces erreurs, qui peuvent ressembler à des hallucinations, et elles arrivent assez facilement à les corriger.

   Malgré tout, on peut penser que ces fausses perceptions témoignent d’un état d’hyper-vigilance permanent et donc de stress significatif. Alors, nostalgie, pourquoi ne pas décrocher quand cela est possible, et revenir ainsi à cette époque ancestrale où nous pouvions passer (sans gros dommage) plusieurs heures de suite loin de tout objet communiquant ?

*Rothberg MB, Arora A, Hermann J, Kleppel R, Marie PS, Visintainer P. Phantom vibration syndrome among medical staff: a cross sectional survey. British Medical Journal. 2010 Dec 15

 

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30 novembre 2010 2 30 /11 /novembre /2010 00:09

                                             Capturer.JPG

          Les journalistes adorent citer le nom de phobies qui paraissent exotiques ou poétiques. Ce sont des appellations grecques en général, souvent imprononçables. En fait, les peurs en question n’existent pas vraiment, en tout cas elles ne constituent pas des syndromes pathologiques courants. En 20 ans de psychiatrie, je n’ai jamais vu de personnes souffrant d’agalmatorémaphobie (peur de voir les statues se mettre à parler ou à se mouvoir), de vexillophobie (peur des drapeaux), et encore moins de placomusophobie (peur des bouchons de Champagne). Autant de termes venus d’on ne sait où, cités dans le « Dictionnaire divertissant et culturel des phobies » (Didier Rougeyron, Editions Jacques Grancher).

            Les vraies phobies tombent rarement du ciel, même si elles sont parfois difficiles à expliquer pour une personne donnée. Les plus courantes sont celles qui concernent des événements ou des éléments naturels réellement dangereux pour l’homo sapiens, ou qui l’ont été à une certaine époque de son évolution : peur du vide, du noir, des endroits clos, du tonnerre, de certains animaux potentiellement venimeux (serpents, araignées) ou rappelant des espèces prédatrices (chiens, chats, voire souris). D’autres s’expliquent par des analogies avec des signaux de danger : la peur du sang ou des piqures peut correspondre par exemple à une réaction d’évitement des situations où l’on pourrait être gravement blessé. Enfin, d’autres ont été apprises à un moment de sa propre vie, même si on en a oublié les circonstances initiales. J’ai vu par exemple une femme ayant une peur panique des têtes de poupées (plangonophobie), qui s’expliquait très bien par le fait que son père, quand elle était petite, « s’amusait » à lui faire peur en hurlant par surprise avec une poupée dans les mains. Toutes ces phobies, transmises par la mémoire de l’espèce ou apprises par traumatisme, sont relativement simples et brutes : je vois l’objet, j’ai peur. Pas de mécanisme psychologique complexe. On les appelle des phobies simples (ou spécifiques).

            D’autres phobies font intervenir des mécanismes plus psychologiques, des anticipations. Les phobies sociales reposent par exemple sur la crainte d’un jugement négatif d’autrui, et sont donc des phobies inter-personnelles. J’ai peur que l’on se moque de moi si je bafouille en lisant mon texte (anxiété de performance). J’ai peur de rougir si on m’adresse la parole, et que l’on me trouve ridicule ou incompétent (éreutophobie). Le résultat est le même que pour les phobies spécifiques (je fais tout pour éviter les mauvaises rencontres), mais les effets émotionnels peuvent être plus dévastateurs, avec un stress avant toute confrontation et surtout une honte durable après chaque « faux-pas » (vécu comme tel). L’agoraphobie est la seconde catégorie de ces phobies complexes : il s’agit de la peur des situations dans lesquelles on peut se retrouver coincé, sans assistance et sans possibilité de partir en cas de problème (malaise brutal, besoin de fuir). Il s’agit le plus souvent de la foule, des endroits fermés, mais aussi parfois de la hauteur ou des grands espaces. Le problème n’est pas là de voir la situation, mais d’imaginer s’y trouver et y subir une catastrophe (anxiété anticipatoire). Les phobies sociales et l’agoraphobie sont parfois très invalidantes, car les situations redoutées sont très nombreuses dans la vie quotidienne. Rien de très drôle donc… Mais heureusement des thérapies efficaces existent.

            Et il est bon aussi de regarder ces pathologies avec un certain humour, même quand on est soi-même concerné. C’est en effet le meilleur moyen de ne pas se laisser envahir par l’anxiété et de la combattre avec des moyens intelligents, ne pas lui laisser le dernier mot.           

   Luttez donc contre votre coulrophobie (peur des clowns…) !

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12 novembre 2010 5 12 /11 /novembre /2010 19:44

                                                       acne.png

   Souvent banalisés, les problèmes physiologiques de l’adolescence peuvent constituer, chez certains jeunes fragiles, une cause de souffrance personnelle et sociale majeure. Comme le surpoids ou les rougissements excessifs, l’acné sévère est souvent vécu dans la honte, le repli sur soi, et parfois la dépression. L’acné sévère se soigne par diverses méthodes, dermatologiques ou médicamenteuses, et l’anti-acnéique le plus connu car très efficace est l’isotrétinoïne, dérivé de la vitamine A. Ce médicament, formellement contre-indiqué chez la femme enceinte, est prescrit à environ 100000 patients par an en France. Or le bruit court, depuis quelques années, que l'isotrétinoïne pourrait augmenter les risques de dépression voire engendrer des tentatives de suicide. Ces effets secondaires n’ont jamais été réellement établis jusqu’à présent, mais deux informations récentes sont à signaler.

   La première est une étude suédoise très intéressante qui vient de paraître dans la revue de médecine BMJ (British Medical Journal). Il s’agit d’une enquête rétrospective sur plus de 5700 personnes ayant reçu de l’isotrétinoïne pour une acné sévère il y a plus de 15 ans. Les chercheurs ont répertorié tous les cas de tentatives de suicide (TS) dans cette population, avant et après le traitement. Le résultat est net : les personnes souffrant d’acné sévère ont un risque accru (environ 1,5 fois plus) de TS par rapport aux jeunes du même âge, mais ceci avant même la prise du traitement. Dans les mois qui suivent la prise de l’isotrétinoïne, le sur-risque de TS augmente légèrement mais il est impossible de dire si cette augmentation est liée au traitement ou à d’autres facteurs personnels associés à l’acné. Trois ans après l’arrêt du traitement (et, on peut le penser, après la disparition de l’acné), le sur-risque de TS disparaît définitivement. La conclusion de cette étude est donc que l’acné peut être considéré comme un facteur de risque de tentative de suicide, mais qu’il est aujourd’hui impossible de savoir si l’isotrétinoïne augmente ce risque ou non, ou éventuellement même le diminue. Ce problème d'interprétation rappelle celui rencontré pour l'estimation des liens entre antidépresseurs et risque de suicide à l'adolescence. 

   La deuxième information nouvelle concerne la France. L’agence chargée de l’autorisation et de la surveillance des médicaments, l'AFSSAPS, rappelle qu’aucune donnée ne permet à l’heure actuelle de penser que l’isotrétinoïne augmente réellement le risque de dépression ou de tentative de suicide des patients traités. Par précaution, elle va cependant développer une procédure de surveillance, au travers d’un bref questionnaire de dépistage de la dépression. Celui-ci sera testé dans la clientèle de certains dermatologues, pour voir s’il permet de repérer les adolescents acnéiques à risque de dépression, et ainsi les surveiller de manière plus attentive.

   Ces questions permettent finalement d'attirer notre attention sur la souffrance morale de certains jeunes, souvent liée à une gêne sociale et affective, et sur la nécessité de la dépister par tous les moyens pour les aider au mieux.

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En librairie

 

Vous êtes votre meilleur psy !

Vous êtes votre meilleur psy ! Aller mieux sans divan ni médicament (Flammarion 2017)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retrouver l'espoir : mode d'emploi d'une psychiatrie positive (Odile Jacob 2016)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

TOC : la maladie de l'hyper-controle (Le cavalier bleu 2016)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dépression : s'enfermer ou s'en sortir (Le muscadier 2017)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour ne plus être gêné par la peur de rougir

couverture-Pelissolo-Roy.jpg

 

 

 

 

Les phobies à la loupe

phobies

 

 

Pour bien connaitre les médicaments psy

      pelissolo-medicaments-psy-odile-jacob.jpg